Le bruit des os qui craquent

de Suzanne Lebeau

une production de la compagnie de théâtre Le Carrousel et du Théâtre d'Aujourd'hui, en coproduction avec le Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine et la Fédération d’Associations de Théâtre Populaire (France)

En tournée


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RÉSUMÉ

Elikia est une enfant parmi tant d'autres qui a vu sa vie basculer du jour au lendemain dans une guerre civile chaotique et sans lois. La petite, enlevée à sa famille, devient enfant soldat. Victime, elle est aussi bourreau, dans une situation intenable qui brouille les lois les plus élémentaires de l'éthique. Comment grandir et rester humain quand les repères s'effacent devant une brutalité quotidienne sans espoir? C'est le petit Joseph, le plus jeune enfant à parvenir au camp des rebelles, qui lui rappellera son enfance, sa famille, son village, son humanité et qui lui donnera le courage de briser la chaîne de violence dans laquelle elle a été entraînée. Le bruit des os qui craquent est un texte à deux voix. Si Joseph et Elikia vivent la fuite, les doutes, les peurs et le retour à une vie civile, civilisée, où les enfants peuvent grandir comme des enfants, Angelina, elle, l'infirmière qui les reçoit à l'hôpital où ils se réfugient, mettra en perspective cette réalité douloureuse et ouvrira la fenêtre sur une lumière incertaine, mais lumière tout de même.

texte Suzanne Lebeau mise en scène Gervais Gaudreault interprétation - elikia Emilie Dionne, Audrey Talbot interprétation - joseph Jean-Philip Debien, Sébastien René interprétation - angelina Lise Roy, Isabelle Miquelon assistance à la mise en scène Stéphanie Capistran-Lalonde décor Stéphane Longpré costumes Linda Brunelle éclairages Dominique Gagnon environnement sonore Nancy Tobin maquillages François Cyr coiffures Anik Généreux régie générale, son et projections Éric Gendron régie des éclairages Régis Guyonnet

texte

Suzanne Lebeau

mise en scène

Gervais Gaudreault

interprétation - Elikia

Emilie Dionne

interprétation - Elikia

Audrey Talbot

interprétation - Joseph

Sébastien René

interprétation - Joseph

Jean-Philip Debien

interprétation - Angelina

Lise Roy

interprétation - Angelina

Isabelle Miquelon

Il y a trois ans, j’ai été bouleversée par les regards et les récits d’enfants soldats dans un documentaire. On parlait alors de 300 000 enfants. Aujourd’hui, en faisant des recherches pour préparer le lancement du spectacle, je lisais qu’ils sont 500 000 intégrés dans les forces armées, régulières ou rebelles, dans au moins 41 pays.

Quels que soient les chiffres, ils sont effroyables. Ces enfants ont 6 ans, 8 ans, 10 ans, 15 ans. On les kidnappe, on les enlève à leur enfance et à leur famille, on les jette dans des guerres civiles pour les tâches que les adultes refusent par peur ou par dégoût. Ils sont armés d’armes désuètes, chaussés de bottes trop grandes qui les font trébucher quand ils devraient courir pour sauver leur vie. Ils sont humiliés, drogués, violentés pour une obéissance parfaite, payés avec une cigarette. Ils ont soif, ils ont faim, ils ont peur. Peur d’être tués et peur de ne pas tuer assez vite… On enlève les garçons, on enlève aussi les filles… et à toutes les violences, il faut ajouter les viols en série et à répétition, les maternités impossibles, les maladies qui tuent…

Je n’ai pas pu oublier et faire comme si je ne savais pas. J’étais obsédée par les images, celles que j’avais vues et celles que j’imaginais. J’ai oublié les chiffres qui n’ont pas de visage, pas d’émotion, pour essayer de comprendre la souffrance des corps qui grandissent dans cette violence quotidienne et des âmes qui cherchent un tuteur dans cet incroyable gâchis.

Elikia a surgi, petite femme de brousse qui portait sa souffrance en bandoulière avec sa Kalachnikov. Je l’ai suivie dans son intimité et dans sa fuite pour retrouver un reste d’humanité que les coups et les cris n’avaient pas réussi à faire taire. J’ai beaucoup douté de la possibilité de la résilience : la vie des enfants soldats est si incroyablement inhumaine et cruelle qu’elle semble appeler une cruauté égale en retour.

Je suis donc allée en République démocratique du Congo où j’ai rencontré Amisi et Yaoundé qui ont été enfants soldats de 12 à 17 ans. Je sais qu’ils ont tué, violé, pillé, incendié. Ils me l’ont raconté. Ils ont maintenant vingt ans. Ils sont humains, jeunes, forts, tendres, doués et… ils rêvent d’avenir… comme tous les jeunes de leur âge, avec un large trou dans leurs souvenirs d’enfance et la conviction qu’ils ne tiendront plus jamais une arme dans leurs mains.

J’ai pu terminer Le bruit des os qui craquent, certaine qu’Elikia a existé quelque part, qu’elle existe toujours et qu’elle attend…

Suzanne Lebeau

Avec Le bruit des os qui craquent, Suzanne Lebeau prend la parole pour raconter le monde, dans l’urgence. Le récit aux accents poétiques se développe sans complaisance, sans maniérisme. Le sujet est trop grave pour s’apitoyer. La force de l’écriture repose sur l’économie : ce qui est dit est dit dans l’urgence de dire.

Cette économie de la parole commande une économie dans l’espace : évoquer sans démontrer, exprimer sans expliquer. Deux lieux pour le dire, celui de la comparution qui se déroule en temps réel et celui de la fuite qui surgit comme une mémoire qui ne veut, qui ne peut oublier. Deux espaces-temps comme un battement, comme une pulsion : la fuite d’Elikia et Joseph et le témoignage d’Angelina, l’infirmière, qui parfois annonce, parfois se fait l’écho du récit des enfants, parfois interpelle et toujours met en contexte.

Angelina dit, avec un micro qui permet l’amplification, dans la plus grande économie, dans la plus profonde intimité. Ce personnage oscille entre force et fragilité, une humaine en quête d’humanité dans une situation de grande inhumanité. Un triangle s’installe entre elle, le cahier d’Elikia qu’elle a posé sur la table et le public. Là est la force de ce texte. On ne peut s’échapper, le public a un rôle à jouer.

Au centre, des ombres, le blanc par fragments, le noir tout autour. La couleur est absente. Il n’y a pas de place pour l’anecdote et l’anecdotique. Elikia, la jeune fille, et Joseph, le petit garçon, alternent les moments d’action dramatique et les moments de récit tragique. Le dramatique raconte l’argument, fait battre la tension, développe la relation entre les deux. Le tragique dit l’inadmissible, l’inavouable, l’inexplicable, crée la mise à distance nécessaire pour éviter le pathos. Pour jouer ces deux enfants, ne jamais jouer à l’enfant, mais retrouver des fragments d’enfance dans un espace vide, presque nu, qui décuple la force des émotions qu’ils vivent ensemble.

Gervais Gaudreault

« Le bruit des os qui craquent ... est un moment de pure émotion qui défie la critique. ... la mise en scène propose une lecture impressionniste où l’on se trouve projeté à l’intérieur du cœur d’Angelina dont la parole est étranglée d’émotion. Les trois interprètes rendent par leur sobriété le propos plus poignant encore.»
J.R.B., La Provence

« On s’y attendait, mais le choc fut tout de même rude. La cie québécoise le Carrousel nous a offert un moment de théâtre inoubliable, un de ces moments qui nous ancrent dans une réalité insoutenable, mais dont la connaissance est nécessaire. Le bruit des os qui craquent est un texte à la fois intense, dur, cru, simple et direct. ... Ni didactique, ni misérabiliste, ce texte ... est un cadeau. Un vrai.»
Dominique Marcon, Zibeline

« Le texte de la dramaturge québécoise, Suzanne Lebeau, qui relate le sort de deux enfants soldats, est une ode à la dignité retrouvée et à la responsabilité.»
Jean-Luc Bertet, leJDD.fr

« Une œuvre grave et poignante écrite par Suzanne Lebeau.»
Jean-Dominique Burtin, La République du Centre

Par le regard qu’il pose sur l’enfance et sur l’art, le Carrousel se démarque depuis plus de trente ans sur les scènes nationales et internationales. Portée par un travail de recherche et de création qui repousse les limites du permis et du possible, la compagnie met au cœur de sa démarche artistique la question du Quoi dire aux enfants? et interroge la place de l’enfant dans le monde.

Une approche singulière qui se manifeste aussi bien par la richesse et la rigueur de l’écriture de Suzanne Lebeau que par la facture résolument contemporaine que Gervais Gaudreault insuffle aux spectacles du Carrousel et qui contribue à magnifier ce point de vue particulier. Partenaires en création, Gervais Gaudreault et Suzanne Lebeau ont donné naissance à un imposant répertoire d’œuvres originales faisant appel au pouvoir évocateur du théâtre et considérées, au Québec et à l’étranger, comme des repères importants dans l’histoire du théâtre jeune public.

Michel Bélair, Le Devoir
« Depuis près de 30 ans déjà, le Carrousel propose aux jeunes spectateurs un regard lucide sur le monde. Sans compromis. Son travail s’appuie sur la grande poésie des textes de Suzanne Lebeau, qui sait s’inspirer des univers mythologiques du Sud comme du Nord pour nourrir les grands thèmes de son œuvre. Et, bien sûr, sur l’approche méticuleusement éclatée de Gervais Gaudreault, un des metteurs en scène les plus doués que l’on ait ici, toutes catégories de théâtre confondues.» 


THÉÂTROGRAPHIE

  • Nuit d'orage (2010)
  • Le bruit des os qui craquent de Suzanne Lebeau (2008)
  • Souliers de sable de Suzanne Lebeau (2006)
  • Le pays des genoux de Geneviève Billette (2005)
  • Petit Pierre de Suzanne Lebeau (2002)
  • L'autoroute de Dominick Parenteau-Lebeuf (1999)
  • L'ogrelet de Suzanne Lebeau (1997)
  • Petit navire de Normand Chaurette (1996)
  • Salvador : la montagne, l'enfant et la mangue de Suzanne Lebeau (1994)
  • Contes d'enfants réels de Suzanne Lebeau (1993)
  • Conte du jour et de la nuit de Suzanne Lebeau (1991)
  • Comment vivre avec les hommes quand on est un géant de Suzanne Lebeau (1989)
  • 242M106 de Hélène Lasnier (1988)
  • Gil adaptation de Suzanne Lebeau d'après le roman Quand j'avais 5 ans, je m'ai tué de Howard Buten (1987)
  • La marelle de Suzanne Lebeau, (1984)
  • Les petits pouvoirs de Suzanne Lebeau (1982)
  • Une lune entre deux maisons de Suzanne Lebeau (1979)
  • Petite ville deviendra grande de Suzanne Lebeau (1978)
  • La chanson improvisée de Suzanne Lebeau (1977)
  • Chut! Chut! Pas si fort! de Suzanne Lebeau (1977)
  • Le jardin qui s'anime de Suzanne Lebeau (1976)
  • Ti-Jean voudrait ben s'marier mais...de Suzanne Lebeau (1975)

EN TOURNÉE

30 septembre au 3 octobre 2009
Ottawa
Théâtre français du Centre national des Arts

24 et 25 octobre 2009
León (Mexique)
Teatro María Grever dans le cadre du Festival internacional Cervantino

29, 30 et 31 octobre 2009
Guanajuato (Mexique)
Teatro Cervantes dans le cadre du Festival internacional Cervantino

3 novembre 2009
Querétaro (Mexique)
Auditorio Josefa Ortíz de Domínguez

11 et 12 mars 2010
Wasquehal (France)
Théâtre de la Manivelle

19 mars 2010
Bezons (France)
Théâtre Paul-Éluard

23 mars 2010
Décines (France)
Centre culturel Le Toboggan

30 mars 2010
Uzès (France)
Association du Théâtre Populaire

10 avril 2010
Le Bic
Théâtre du Bic

15 avril 2010
Trois-Rivières
Corporation de développement culturel de Trois-Rivières

27 et 28 avril 2010
Mont-Laurier
Muni-Spec

12 au 16 mai 2010
Montréal
Maison Théâtre

PUBLICATION

Le bruit des os qui craquent
Suzanne Lebeau Leméac – Actes Sud
12,50$
Disponible à la bouquinerie

ARCHIVES

Le bruit des os qui craquent
saison 08/09
création

Le bruit des os qui craquent
saison 10/11
en tournée

Le bruit des os qui craquent
saison 11/12
en tournée

Depuis sa création, la production a été jouée 218 fois : 174 représentations avec le Carrousel en français et 44 en espagnol avec la Compagnie Nationale de Théâtre (CNT) à Mexico. La CNT prévoit reprendre le spectacle pour 20-25 représentations du 4 mai au 11 juin 2017 à Mexico au Teatro Julio Castillo del Centro Cultural del Bosque.

PRODUCTION

une production de la compagnie de théâtre Le Carrousel et du Théâtre d'Aujourd'hui, en coproduction avec le Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine et la Fédération d’Associations de Théâtre Populaire (France)