une création de Baraka Théâtre
Salle Jean-Claude-Germain
du 11 au 29 octobre 2005
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RÉSUMÉ
Elles sont quatre. Quatre icônes féminines de la modernité. Quatre héroïnes enrôlées dans des combats qui les ont consumées. Quatre peaux rompues, prêtes pour la mue. Quatre chutes dont les enjeux sont l’identité même de celles qui tombent et l’état de leur monde lorsqu’elles se relèveront. Elles sont quatre. Quatre polyphonies dramatiques — Vive la Canadienne !, Vices cachés, Nacre C et Catwalk, sept voix pour sept voiles — mettant en scène quatre champs de bataille, quatre corps piégés, terrifiés, parés, profanés, quatre voix de tête, de ventres, de muscles et de jambes, quatre essences de fille hautement inflammables et le chœur de ceux qui les entourent. Elles sont quatre. Et écœurées de se battre. Elles sont les Filles de guerres lasses.
texte Dominick Parenteau-Lebeuf mise en scène Caroline Binet interprétation Paule Baillargeon, Bénédicte Décary, Marie-Ève Desroches, Martin Dion, Ève Duranceau, Christophe Rapin, Éric Robidoux musique originale VROMBICÔNE 1 — VIVE LA CANADIENNE
Fillette, Marie-Paule Marsot rêvait d’être une majorette. De brandir un bâton au son d’une fanfare, les cuisses au vent. Mais fille de féministe, elle a dû passer sa passion de la parade autrement. Cette nuit, alors que dans la forêt laurentienne retentit Vive la Canadienne ! — nouvel hymne du folklore hard core —, les cuisses ouvertes, elle se souvient.
ICÔNE 2 — VICES CACHÉS
Un rat sur un plancher de cuisine. Énorme. Menaçant. À quatre pattes sur la table, Maribel se demande comment ce monstre a pu pénétrer dans son condo rutilant. La présence animale féconde ses pensées et ses entrailles. Comment l’expulser, à présent ? Si le corps féminin est une maison, alors la femme a ses vices cachés.
ICÔNE 3 — NACRE C
La poétesse Marie-Laurence Imbeau devient la muse Ellifal Sellif-Selertend à la suite de sa rencontre avec le jeune peintre branché Érod Rineva. Mettant sa poésie en jachère, elle pose pour lui. Commence alors la lente mutation de son épiderme en une somptueuse maladie de peau : le nacre C. Miroir, ô mon miroir, y a-t-il encore quelqu’un derrière cette beauté ?
ICÔNE 4 — CATWALK, SEPT VOIX POUR SEPT VOILES
Nous sommes en Galilée, territoire occupé. Salomé, une jeune mannequin palestinienne, s’effondre sur le podium alors qu’elle défile, vêtue de la dernière création du designer Jean-Baptiste Bensimon : une robe à sept voiles au look de réconciliation. Qui gagnera lorsqu’elle se relèvera ? La beauté ou la guerre ?
Une lecture de Filles de guerres lasses suffit pour comprendre pourquoi la mise en scène s’articule autour d’un travail de chœurs chorégraphiés : si les quatre héroïnes sont les pivots et les moteurs de l’action dramatique, les voix qui gravitent autour d’elles agissent comme catalyseurs et révélateurs, tout en constituant les assises de la théâtralité. Chez Caroline Binet, le découpage des voix n’a rien de l’exercice de style ; c’est une recherche de sens, de rythme et de musicalité en lien direct avec l’action dramatique. Car il ne s’agit pas ici, comme chez les Grecs, d’un ensemble d’acteurs représentant un personnage collectif qui commentent l’action d’une tragédie, mais plutôt d’un concert de voix qui cerne et provoque les personnages principaux et dans lequel les voix mêmes des protagonistes se mêlent. En s’additionnant et en se répondant, les voix multiplieront l’impact du sens chez le spectateur.
Mais tout ne sera pas que chœur. Les voix de ces filles s’élèveront seules au-dessus de tout et resteront les actrices principales de ces guerres à finir. Bien sûr, le danger d’une proposition « chœurs et monologues » réside dans l’aspect statique qu’elle peut engendrer. Forte de ses expériences sur le corps au théâtre, c’est tout un travail sur l’invasion de l’espace par les corps que Caroline se propose de faire avec les acteurs afin de transformer la scène en territoire occupé.
« Depuis Dévoilement devant notaire et La petite scrap, l’auteure impressionne par son intelligence pénétrante, un style d’une qualité littéraire remarquable et un sens implacable de l’autodérision. […] Comme la forme condensée de ces quatre textes se prête particulièrement bien à l’écriture acérée et elliptique de leur auteure, le spectacle s’avère une initiation heureuse à un univers d’une grande poésie et dont l’exploration est fructueuse. »
Anne-Marie Cloutier, La Presse
« Il y a, chez Parenteau-Lebeuf, un mélange détonnant. D’une part, le comique et le tragique cohabitent inégalement. D’autre part, la langue est parfois poétique, littéraire même. Par surcroît, elle décrit quelquefois des situations très concrètes, encastrées dans une structure complexe, auxquelles s’ajoute une ironie paradoxale, qui procure au drame des couches supplémentaires de sens. … le spectateur est plutôt charmé par une galerie de portraits en prise sur son époque. Regard sur sa société et son temps où Parenteau-Lebeuf ne se sert ni de lunettes roses ni de verres noircissants. C’est rare. Pour cela, sa plume, portée par Binet et son équipe, aide à y voir plus clair. »
Hervé Guay, Le Devoir
Structure légère à but non lucratif, fondée en 2002 par Dominick Parenteau-Lebeuf, et ayant pour mandat de produire les pièces de sa fondatrice, dramaturge itinérante et sans chapelle, en invitant chaque fois les metteurs en scène les plus pertinents. Après Dévoilement devant notaire, créé en octobre 2002 à la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui dans une mise en scène de Marc Béland, Baraka Théâtre récidive dans cet espace de paroles libre et intime avec Filles de guerres lasses. Pour l’occasion, la dramaturge s’associe à la jeune metteure en scène Caroline Binet, qui assure la direction de ce spectacle combinant voix uniques et chœurs modernes.
PUBLICATION
Filles de guerres lasses
Dominick Parenteau-Lebeuf
Lansman
14,00$
Disponible à la bouquinerie
PRODUCTION
une création de Baraka Théâtre