une création de la compagnie Catfight
Salle Jean-Claude-Germain
du 20 septembre au 8 octobre 2011
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RÉSUMÉ
Devant le silence obstiné de leur mère, trois sœurs, jeunes professionnelles dans la trentaine, princesses dans leur façon d’être supérieures, aliénées par leur droit au bonheur et compétitives jusqu’à l’os, vont sombrer dans des fantasmes juvéniles de fuite, de batailles et de règlements de compte. Heureuses de renouer avec leur nature animale, elles se pourchassent tour à tour dans le centre-ville de Montréal, parmi les prostituées, les stationnements et la police.
texte Catherine Léger mise en scène Diane Pavlovic interprétation Eve Gadouas, Marie-Eve Huot, Vitali Makarov, Fanny Rainville assistance à la mise en scène Manon Bouchard décor et accessoires Romain Fabre costumes et maquillages Mylène Chabrol éclairages et direction de production Marie-Aube St-Amant Duplessis conception sonore Olivier Gaudet-Savard régie Camille Gascon direction technique Michel ForgetC’est pas pour me vanter, mais je pense que quand j’étais petite, j’avais la plus grosse collection de Barbies de toute la rue Troyes à Gatineau. Et les Barbies, look contemporain ou non, look rockeuse ou femme d’affaires, c’est toutes des princesses. À cause de leurs petits pieds, à cause de leur chevelure parfaite et de leur sourire digne. J’avais, dans mon sous-sol, un empire de princesses. J’aimais ça. Je ne suis pas une spécialiste du développement de l’enfance, mais j’imagine qu’il y avait quelque chose d’important qui se passait au niveau identitaire, pour moi, dans le sous-sol. Dans ma tête de gamine, la princesse est devenue la norme. Toute femme se devait d’être une princesse, une Barbie, parfaite, pour être sanctifiée par l’amour de Ken, le prince. Aujourd’hui, comme beaucoup de monde, je traîne une culpabilité de fond, ronronnante et subtile. Quand on me dit que c’est à cause de la culture judéo-chrétienne, je fais « oui-oui » de la tête comme une bonne fille, mais au fond de moi je le sais, ce n’est pas ça du tout… Ma culpabilité me vient du fait que j’ai échoué à être une princesse, c’est évident. Pire encore, j’ai échoué à devenir une reine et toute ma vie je vais devoir vivre avec ça. C’est difficile.
Y’a pas des tonnes de façon d’être une princesse et de devenir une reine. Soit tu hérites du trône par lien de sang, soit tu épouses un prince. Avec Princesses, j’ai voulu voir ce qui arriverait si trois sœurs dans la trentaine (à Montréal, ces années-ci), excitées par le vieillissement de leur mère et la possibilité que le trône familial se libère enfin, régressaient au point de se faire compétition pour une couronne imaginaire. Mon pari c’est que ces personnages de filles exagérées, laissées à elles-mêmes, qui cessent de réprimer leur immaturité affective, leur désir inexplicable d’écraser leurs sœurs et leur fantasme du prince, ça parle aussi de quelque chose qui habite les femmes «normales» d’aujourd’hui. Une furie ordinaire qu’on ne veut pas voir. Parce que franchement, vivre avec l’échec, savoir qu’on n’est pas parfaite, qu’on n’est pas une princesse et qu’on ne sera jamais une reine, c’est honteux. C’est même enrageant.
Catherine Léger
Je signe avec Princesses ma toute première mise en scène. Et l’aventure, bizarrement, ne m’a pas effrayée. J’avais envie, vraiment très envie, de porter à la scène cette parole provocante qui me pose mille questions, et que je trouve drôle, féroce, tonique, brillante, touchante. Je suis séduite par son exagération du réel qui le tord pour mieux le déchiffrer, je souscris à son irrévérence, j’adhère à son brûlant appel à la vie et je salue son intelligence, qui éclate à chaque mot. Et reparler du féminin en 2011, après que même le post-féminisme soit devenu galvaudé, c’est d’autant plus stimulant quand c’est fait avec une si totale absence de complaisance, avec un mélange aussi savant et aussi unique d’amour, de fragilité, de beauté, de lucidité.
Le projet est né d’une envie de quelques filles de travailler ensemble, et il a grandi, grossi, mûri. Il est devenu un spectacle grâce à une équipe du tonnerre, qui a accepté de me suivre dans ce voyage avec une confiance qui continue de m’émouvoir. Je tiens à remercier tous les artistes qui m’ont entourée, depuis les acteurs jusqu’aux concepteurs, à l’équipe technique et à mon indispensable assistante. Tous engagés à fond, tous compétents, tous stimulants. Monter Princesses avec eux, c’est devenu pour moi évident, voire incontournable, comme si se prolongeait cette impression étrange de cocon naturel formé autour du projet.
Je veux aussi remercier Agathe Lanctôt, pour avoir été l’étincelle de départ de l’aventure... En voici donc le résultat. J’espère avoir trouvé un ton, une couleur, une atmosphère qui soient justes. Parce que cette parole, je la trouve majeure. Bonne soirée!
Diane Pavlovic
« Dotée d'un bon sens du dialogue, Catherine Léger manie ici une langue crue et un humour plutôt frontal. Son texte marie une abondance de repères réalistes à une grosse veine fantaisiste, qu'embrasse assez franchement la mise en scène de Diane Pavlovic. »
Marie Labrecque, Le Devoir
« Princesses réunit quatre talentueux comédiens. Ève Gadouas rend sa Nina, aux premiers abords droite et solide, instable, au bord de la crise, qui ne perçoit qu’un désir d’en finir chez les gestes de sa mère. Marie-Ève Huot joue la salope pharmacienne, un certain mélange des genres plutôt intéressant, avec adresse et crédibilité. Fanny Rainville incarne une BM ensorcelée, charnelle, changeante, avec aplomb, tout en poussant la note de façon très mélodieuse. Vitali Makarov, qui ne parlera qu’en russe lors de la représentation, ajoute une note de romantisme masculine à cette violente histoire toute féminine de chattes qui se battent griffes sorties.»
David Lefebvre, Montheatre.qc.ca
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DURÉE
PUBLICATION
Princesses
Catherine Léger
Leméac
12,00$
Disponible à la bouquinerie
PRODUCTION
une création de la compagnie Catfight