Assoiffés

de Wajdi Mouawad

une production du Théâtre Le Clou, en résidence au Théâtre d'Aujourd'hui

Salle principale

du 9 au 20 décembre 2008


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RÉSUMÉ

Assoiffés, c’est l’histoire de deux adolescents, un gars et une fille, Murdoch et Norvège, un qui décide de tout dire et l’autre qui se tait, un qui se fait entendre et l’autre qui se cache. C’est aussi l’histoire de Boon, anthropologue judiciaire, qui à travers ces deux personnages replonge dans sa propre adolescence et retrouve ses rêves abandonnés.

Assoiffés mêle réalité et fiction, humour et drame dans un univers empruntant au fantastique. Un spectacle percutant qui aborde des thèmes riches : le sens de la vie, l’inquiétude par rapport à l’avenir, mais surtout la soif de vivre. Avec Assoiffés, neuvième création du Théâtre Le Clou, Wajdi Mouawad nous donne à entendre une parole singulière, lucide et engagée. Benoît Vermeulen, après Au moment de sa disparition et Romances et karaoké, nous propose à nouveau une forme étonnante où la barrière entre la réalité et la fiction se dissout, les frontières du temps explosent, la force de vivre triomphe de l’inertie.

texte Wajdi Mouawad mise en scène Benoît Vermeulen interprétation Simon Boudreault, Sharon Ibgui, Benoît Landry assistance à la mise en scène Catherine Vidal décor et costumes Raymond Marius Boucher éclairages Mathieu Marcil environnement sonore Nicolas Basque environnement vidéo Martin Lemieux régie Jean Duchesneau, Nicolas Fortin

texte

Wajdi Mouawad

mise en scène

Benoît Vermeulen

interprétation

Simon Boudreault

interprétation

Sharon Ibgui

interprétation

Benoît Landry

Hermes Trismédiste, chauffeur de bus

Il arrive quelques fois au réveil d'étranges choses. Nous ouvrons les yeux et parce que cette nuit-là on a dormi un peu plus profondément que d'habitude, on ne se reconnaît plus dans le miroir, on se sent habité par une soif nouvelle, quelque chose d'absolument impossible à étancher.
Parfois, la digue ne peut plus supporter la pression qui vient du large et tout craque dans nos vies, tout déborde, tout s'innonde comme si la planète que nous étions chacun ne supportait plus le trop-plein de quiétude et d'endormissement.

Parfois, c'est la beauté dans ce qu'elle a d'évident qui nous saute au visage et marchant dans la rue, on ne cesse d'y voir, partout, son cadavre, comme si la ville au complet était ensanglantée par le massacre de ce qui est beau.
D'où vient que, d'un jour à l'autre, on ne supporte plus le préfabriqué? Le laminé? Le tout fait? Les maisons en carton?
D'où vient que, tout à coup, attendre l'autobus prend des proportions insoupçonnées et, sans trop savoir pourquoi, on se met à penser au chauffeur de l'autobus en question, qui toute sa vie durant la passera derrière un volant?

D'où vient le sentiment que nous sommes aujourd'hui plus que jamais au temps du sacrifice humain, mais un sacrifice pour rien, pas même pour les dieux, juste pour le fun? Merci Mélanie pour ton courage, mais le public n'a pas voté pour toi et c'est toi qui es éliminée, bravo pour les autres et la semaine prochaine nous éliminerons un autre candidat!

Catastrophe catastrophe ! Un vertige effrayant et injuste s'abat sur nous et on se dit : Calme-toi, il faut bien gagner sa vie… D'où vient que notre mesure des choses se soit à ce point amenuisée? Pourquoi les adolescents que je connais ont pour principale occupation de passer leur temps à massacrer les enfants qu'ils ont été?

Ce sont ces questions qui ont fait émerger à la pointe du jour Murdoch, le faisant rentrer un jour dans ma chambre. Il m'a réveillé : Envoye esti de fainéant, attrape ton crayon, penche-toi sur ton esti de cahier, ouvre les yeux pis écris !. Qui est Murdoch? Murdoch se lève un matin avec une décision claire et nette : tant qu'à être un mésadapté gâté et précieux, autant devenir un mésadapté poétique et incompréhensible. Au moins, il aura été lui-même dans toute sa grandeur, un peu comme une tentative de redevenir le héros grec qu'il était lorsque sur les rivages de Troie, Achille se battait contre Hector, tout cela à cause d'une femme qui fut enlevée par une culture à une autre. C'était l'époque où les dieux, sans doute Hermès, dieu messager, était le conducteur de l'autobus. Colère colère.

Wajdi Mouawad

Pendant un mois, tous les matins, nous nous sommes rencontrés, Wajdi et moi, dans son petit studio du Vieux-Montréal, pour discuter, de tout et de rien, de notre adolescence, du monde dans lequel nous vivons, de beauté. Un jour, il m'a demandé : Pourquoi tu te lèves le matin?

Et c'était parti! Voilà le genre de question dont la réponse commande automatiquement une autre question qui nous entraîne, inévitablement, dans une zone de plus en plus existentielle :
- Pour le travail…
- Pourquoi faire ce travail?
- Par passion...
- Pourquoi ce besoin de passion?
- Pour se sentir vivant…
- Pourquoi ce besoin de se sentir vivant? 

Cette spirale nous conduit jusqu'aux confins de nous-mêmes et, à défaut d'apporter une réponse satisfaisante, nous donne la conviction que nous sommes tous unis, en tant qu'êtres humains, par une insatiable soif d'infini. Et que si parfois on oublie cette soif, elle finit toujours par nous rattraper, un jour ou l'autre.

Benoit Vermeulen

« Assoiffés est l'une de ces productions essentielles dont on ne sort pas indemne, une sorte de grand cru grinçant. Pourquoi un grand cru. Parce qu'on n'oubliera pas de sitôt la vigueur du cri qu'on entend. Parce que Murdoch, le jeune ado révolté, est l'un des plus beaux personnages de théâtre qu'on ait vu ici. Parce que la mise en scène de Benoît Vermeulen est éblouissante. Parce que la scénographie de Raymond Marius Boucher est exceptionnelle et que tout l'ensemble parle aux ados dans une langue qui est la leur et qui vient les chercher dans ce qui les révolte.»
Michel Bélair, Le Devoir

« Assoiffés, c’est une oeuvre dans laquelle il n’y a pas de compromis, autant dans la symbolique qu’on vous sert que dans les réflexions qu’on vous propose et dans l’histoire. On n’est pas dans la caricature. On ne tente pas de faire du langage ado. C’est très réussi! Et je vous dirais que c’est redoutablement efficace et que, même sans ado, allez-y. C’est du grand théâtre! C’est une oeuvre très, très forte!»
Martine Côté, Retour sur le monde

« Assoiffés a été écrite par Wajdi Mouawad, mais la structure éclatée du texte est l’œuvre du metteur en scène Benoît Vermeulen. Le premier provoque des réflexions essentielles avec sa plume, le second crée des atmosphères intrigantes en multipliant les mouvements entre le passé et le présent, le réel et l’imaginaire. Le langage du personnage de Murdoch est vraiment celui de l’adolescence; on y reconnaîtra les expressions, la vitalité, la spontanéité, la force, le ton sans compromis.»
Valérie Lesage, Le Soleil

« Voilà une pièce dont le propos porte, et dont les personnages sont inspirants. Assoiffés s'adresse aux adolescents de 14 ans et plus, mais elle résonnera tout autant chez les adultes qui auront envie de s'arrêter, un moment, pour faire l'inventaire de leurs choix, de quelques-uns de leurs destins avortés, des conséquences possibles de certains gestes passés.»
Josée Bilodeau, Radio-Canada.ca

Fondé à Montréal en 1989, codirigé par Monique Gosselin, Sylvain Scott et Benoît Vermeulen,le Théâtre Le Clou propose un théâtre de création. Ses productions s’adressent principalement au public adolescent. Plus de 300 000 spectateurs au Québec, au Canada et à l’étranger ont pu applaudir une des onze créations de la compagnie.

DÉMARCHE ET MANDAT
Parce que la représentation théâtrale est un lieu privilégié de rencontre, il est primordial que les jeunes aient accès à des œuvres de création qui s’écrivent et s’inscrivent dans leur présent et leur actualité. La démarche du Théâtre Le Clou, axée sur la recherche et l’expérimentation, tant au niveau du texte que de la mise en scène, sait provoquer la rencontre, tout au long du processus de création et au moment de la représentation. L’adolescence est à la fois le triomphe de la liberté et un instant de fragilité extrême. De la volonté d’illustrer cette tension naissent les spectacles du Théâtre Le Clou. Éclatés, fougueux, audacieux, ils sont à l’image de cette période de la vie, parfois chaotique, parfois révoltée, mais toujours à fleur de peau.
 

THÉÂTROGRAPHIE

  • L'Océantume de Réjean Ducharme (2011)
  • Éclats et autres libertés de Marie-Josée Bastien, Mathieu Gosselin, Étienne Lepage et Jean-Frédéric Messier (2009)
  • Isberg de Pascal Brullemans (2008)
  • Assoiffés, de Wajdi Mouawad, en collaboration avec Benoît Vermeulen (2006)
  • L'héritage de Darwin d'Evelyne de la Chenelière (2004)
  • Romance et karaoké de Francis Monty (2003)
  • La langue du caméléon de Reynald Robinson (2001)
  • Au moment de sa disparition de Jean-Frédéric Messier (2000)
  • Les trains d'Olivier Choinière (1998)
  • Noëlle en juillet de Louise Bombardier (1996)
  • Jusqu'aux os! d'Alain Fournier (1993)
  • Tu peux toujours danser de Louis-Dominique Lavigne (1990)
  • Les Zurbains, une nouvelle édition produite à chaque année depuis 1998

Critiques

Publié le 14/12/08

Assoifés de Wajdi Mouawad

« Assoiffés est l'une de ces productions essentielles dont on ne sort pas indemne, une sorte de grand cru grinçant. Pourquoi un grand cru. Parce qu'on n'oubliera pas de sitôt la vigueur du cri qu'on entend. Parce que Murdoch, le jeune ado révolté, est l'un des plus beaux personnages de théâtre qu'on ait vu ici. Parce que la mise en scène de Benoît Vermeulen est éblouissante. Parce que la scénographie de Raymond Marius Boucher est exceptionnelle et que tout l'ensemble parle aux ados dans une langue qui est la leur et qui vient les chercher dans ce qui les révolte.»

Michel Bélair, Le Devoir 

Album

Publié le 09/12/08

Simon Boudreault, Sharon Ibgui et Benoït Landry se partagent la scène dans cette pièce de Wajdi Mouawad mise en scène par Benoît Vermeulen!

PUBLICATION

Assoiffés
Wajdi Mouawad Leméac – Actes Sud
12,00$
Disponible à la bouquinerie

PRODUCTION

une production du Théâtre Le Clou, en résidence au Théâtre d'Aujourd'hui