Le sérum qui tue / Les méfaits de l'acide

Né du croisement d'une passion incurable pour les grands amants de l'écran comme Garbo, Monroe, Valentino, Brando, Moreau, Bardot, Mariano, Belmondo ainsi que le frère de Daniel ou celui de Donald et d'une idée — celle qui veut que rien-mais-rien ne vieillisse aussi vite et aussi mal que les moeurs amoureuses — le spectacle drolatique conçu par Claude Maher comme une « étude comparée des ramages et des ravages de l'amour », confronte par le truchement de deux pièces québécoises (l'une ancienne, l'autre contemporaine) deux styles d'aimer-à-la-passion, éloignés dans le temps mais très proches parents par leurs maniérismes affectés et leur façon d'être « au boutte tout l'temps ».

Véritable petit chef d'oeuvre en son genre, tant par concision que par l'accumulation exhaustive des effets du mélodrame, Le sérum qui tue, une pièce écrite en 1928, est une oeuvre de jeunesse de Marc René de Cotret qui emprunte la forme du grand guignol. Quant aux Méfaits de l'acide, c'est une prochade toute récente de Claude-Jean Magnier, un jeune auteur québécois très peu connu, fervent du voyage et du hippisme, qui se définit tantôt comme un poège gnomique, tantôt comme un auteur anagrammique, mais plus souvent qu'autrement comme « un petit peintre calembourgeois du dimanche ».