En attendant Trudot

de Victor-Lévy Beaulieu

une création du Théâtre d'Aujourd'hui

du 24 janvier au 2 mars 1974


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RÉSUMÉ

En attendant Trudot raconte l'histoire de Ti-bé et Génie, deux p'tites gences à la dérive, littéralement amoindris, dévorés, dévastés, charriés par une débâcle intime, celle de leurs rêves avortés, leurs frustrations, leurs souvenirs tronqués et l’attente de ce qui – sous peine de faire un pléonasme – n’a « de nom en aucune langue ». Proches parents de tous les personnages qui hantent les romans de l’auteur, Ti-bé et Génie jouent furieusement et désespérément aux quatre coins avec ce qu’on peut décrire comme l’éternel triangle de l’œuvre de Victor-Lévy Beaulieu : le sexe, la mort et la mémoire.

texte Victor-Lévy Beaulieu mise en scène Jean-Claude Germain interprétation Roger Blay, Jean-Pierre Chartrand, Nicole Leblanc scénographie et éclairages Claude-André Roy costumes Diane Paquet effets sonores Pierre F. Brault

texte

Victor-Lévy Beaulieu

mise en scène

Jean-Claude Germain

interprétation

Roger Blay

interprétation

Jean-Pierre Chartrand

interprétation

Nicole Leblanc

Le frette pis l’show

Y a toutes sortes d’affaires qu’on peut dire pis y en a toute une gagne d’autres qu’on peut pas sur soi-même pis dessus l’reste du monde – une question d’papier pis d’temps. Mais c’a pas d’importance ça, j’toute égarouillé là à matin, j'me pards dans mes bouttes comme mon tchomme à Ti-bé, une manière de double de moi-même, j’me confesse d’autant plusse facilement que j’ai jamais su trop trop c’que j’disais pour trop l’dire souvent pis de toutes les manière possible – on appelle ça une overdose de lucidité pis c’est jusse pour le kique que j’mens, pour faire durer l’plaisir (comme quand t’es dans une grand litte avec ta Génie, pis qu’ça zigonne à plein, avant l’sombrement dans l’Océan des brailleries – c’trop beau ! c’trop beau de v’nir théâtralement de même pour toute pis pour rien) – J’t’un auteur graphique, pas porno, Mais ça aussi, ça pas d’sodite importance. J’écris, j’m’écris, j’nous écrirai p’têt’e un bon jour – c’est toute c’qui m’intéresse, la Totalité, la bonne pis la pas bonne, la Grosseur de chair pis d’air, la Démesure de toute dire, dans des mots chargés de p’tite vérole, d’senteurs de pain, d’pourriture pis d’raisins d’la colère. Parce qu’au boutte de toute ça, y pourrait y avoir la sainteté québécoise raffinée par la libération, ma sainteté québécoise, notre sainteté québécoise – et pis p’têt’e aut’chose itou, comme des romans pis du théâtre, du genre de c’te pièce citte, comme de ben d’aut’genres – Suffit d’attend’e la suite dans la grande impatience créatrice – OUAIS.

V.-L. B.

Dans une forme qu'on pourrait décrire comme une théâtralisation du monologue intérieur joycéen, Victor-Lévy Beaulieu libère sur scène avec En attendant Trudot tout un monde inconscient, tout un arrière-pays souterrain que le théâtre québécois avait contenu jusqu'ici dans les cadres sécurisants de la culpabilité freudienne et du complexe d'Oedipe classique. La poésie noire qui s'en dégage vaut qu'on s'y arrête. Elle a quelque chose d'incandescent.

Jean-Claude Germain

Album

Publié le 17/10/73

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PRODUCTION

une création du Théâtre d'Aujourd'hui